Entre deux chaines de montagnes

Entre deux chaines de montagnes

Pour nous rendre de Puerto Angel à Chiapa de Corzo, capitale de l’État de Chiapas, nous traversons une immense vallée qui relie les deux océans entre deux sierras, celle du Sud et celle de Chiapas : c’est la partie où le Mexique est le plus étroit. Et dans ce couloir souffle un vent à décorner les bœufs… somme toute, un endroit idéal pour semer et faire pousser des centaines d’éoliennes (sans doute des milliers, pas eu le temps de compter…).

L’électricité au Mexique provient de cette source mais également de barrages hydroélectriques (au bout du canyon de Sumeduro que nous avons parcouru en bateau, il y avait un barrage, voir message suivant), de centrales thermiques (le pays est producteur de pétrole donc c’est facile et peu coûteux) et une seule centrale nucléaire.

Si toutes les régions reculées ne disposent pas encore de l’électricité, les villages et communautés dans lesquelles nous avons séjourné étaient reliées au réseau. L’électricité est souvent le premier élément moderne qui arrive dans les régions pauvres, quitte à ce qu’il n’y ait qu’une seule ampoule au plafond dans toute la maison (mais les maisons pauvres sont souvent constituées d’une seule pièce). Cependant, être raccordé au réseau ne veut pas dire fourniture constante. Ainsi à Nahá, dans le village Lacandon, nous avons passé notre première soirée dans le noir. À la vitesse à laquelle les gens sortent leur lampe de poche, les coupures de courant ne sont pas rares. Et si cela coupe et revient et recoupe plusieurs fois de suite c’est que la coupure de courant va durer un certain temps… dans notre cas, jusqu’au lendemain matin.

Ce soir-là, nous dinions dans une famille célèbre de Nahá, chez les descendants de Chank’in viejo. Cet homme a eu 4 femmes et 28 enfants. Les Lacandons ayant leur propre langue, leur ethnie souffre d’un problème récurrent de consanguinité, la barrière de la langue ne leur permettant pas de se mélanger à d’autres groupes. Deux des femmes de cet homme nous ont reçu sous le même toit où elles vivent. Elles ont maintenant 90 et 88 ans. Eh bien pour elles, pas question d’utiliser des bougies ou une lampe électrique. Elles utilisent un bout de bois fin qui est très résineux et brûle avec une belle flamme. Enfin, nous étions à table avec des bougies et nous devinions nos hôtes dans l’obscurité…

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