Les étudiants 1, sos (fotos)

Les étudiants 1, sos (fotos)

Bonjour,

Bon, et les affaires reprennent, nous poursuivons notre cheminement au Chili avec un thème : les mouvements actuels de contestation des étudiants.

Quelques repères  d’histoire pour situer les choses :

L’Amérique du Sud initialement peuplée d’indiens, d’incas.

Au 15ème siècle, les invasions espagnoles.

1818, indépendance du pays.

1879, la guerre du Pacifique qui a permit au Chili de grignoter le désert d’Atacama à ses voisins boliviens et péruviens, agrandissant ainsi le pays d’un tiers et  le jackpot : les mines de cuivre et de salpêtre qui s’y trouvent.

Développement de l’industrie minière notamment avec les Anglais.

1970 Salvador Allende, président du pays, socialiste. Il nationalise des mines et territoires de grands propriétaires mais il est vite confronté à une situation économique très difficile.

1973 coup d’état militaire portant  le général Pinochet à la tête du pays. Celui-ci instaure une dictature très dure (3000 disparus, 30.000 prisonniers, 250.000 chiliens quittent le pays) et un système économique néolibéral, les richesses chiliennes étant vendues à des étrangers qui les exploitent et en tirent profit, à part le cuivre.

1988 le retour à la démocratie est plébiscité par le peuple chilien. Mais les structures économiques ont peu changé depuis et sont restées calquées sur l’ultra libéralisme de Pinochet.

Un exemple (non pris au hasard évidemment) en  1974, les universités ont été privatisées. La loi leur interdit de faire des profits mais elle est vite détournée. Dans le même temps, l’école publique se  réduit, sans grands moyens financiers et avec une qualité médiocre (alors que le système scolaire public chilien était performant auparavant).

Pour faire face aux frais de scolarité très importants, les étudiants et leurs familles sont donc obligés de recourir à des crédits très lourds (10 à 15 ans), sans avoir la certitude d’être capable de les rembourser lorsqu’ils arriveront sur le marché du travail. En effet, 40 % des étudiants sont contraints d’arrêter leurs études  pour des raisons financières, et sur les 60 % restants, seulement la moitié aura un travail (et un salaire) en relation avec le niveau des diplômes obtenus.

D’une façon générale, l’éducation au Chili est financée à 25 % par l’État, le reste par les familles. Et les grands gagnants sont les écoles et universités privées et… les banques.

Depuis le printemps 2011 (l’automne chilien avec leur rentrée scolaire), un mouvement de contestation contre ce système inégalitaire et injuste s’est formé et organisé avec des manifestations plus ou moins festives, des grèves de la faim, des barricades et échanges musclés dans les rues.

Lors de notre voyage, nous avons vu quelques démonstrations de ce mécontentement. Les étudiants nous ont paru calmes, souriants, avec le sens de l’humour et de la dérision. Leurs actions sont souvent bon enfant et apparemment paisibles (courir avec un drapeau autour du pâté de maison, exposer leurs banderoles, des graffitis).

Pourtant, en recherchant plus avant l’information, il ressort que ces manifestations sont peu prises au sérieux par le pouvoir actuel qui joue au chat et à la souris avec les manifestants. Le gouvernement fait semblant de négocier, interrompant les discussions sans raison, reprenant les négociations. Il est clair que la classe dirigeante, composée de personnes riches à qui profite ce système, fait tout pour que le mouvement s’essouffle de lui-même.

La répression des manifestations est dure et un relent de dictature n’est jamais loin. Les carabineros (tu te souviens la pub le carabinero « un ami toujours »…) sont très brutaux : des centaines de blessés, des milliers d’arrestations et même un jeune adolescent de 14 ans, Manuel Gutierrez, a été assassiné lors d’un tir à balles réelles dans la rue par les carabineros.

Mais les étudiants continuent la lutte. Ces jeunes n’ont pas connu la dictature de Pinochet, ils défendent leurs droits et sont très déterminés. Dans les conditions d’étude difficiles, beaucoup d’entre eux vont avoir perdu une année scolaire, le système étant bloqué par leurs nombreuses actions et leur grève depuis 7 mois.

Ce mouvement se rapproche dans l’esprit de celui des « Indignés », mouvement devenu quasi mondial de ras le bol contre le profit d’abord, sans considération de l’être humain.

Mais pour être néanmoins objective et complète, il faut préciser que le système actuel d’éducation du Chili fait parti des plus performants d’Amérique Latine.

Les photos prises sont surtout des banderoles et graffitis, aussi tu as droit gratuitement à un petit cours/traduction de l’espagnol.

(Merci à Enrique qui m’a aidé dans le décryptage).

 

 

lire la suite : étudiants 2, sos (fotos)