L’observatoire et Coquimbo, primavera 13

L’observatoire et Coquimbo, primavera 13

 

Coucou.
La Serena. C’est donc une ville en bord de mer. Tous les matins, il fait invariablement nuageux avec 14 ou 15 degrés. Et tous les après midi (ou presque), cela se lève et il fait soleil et plus chaud. A San Pedro, pas la peine de lever le rideau le matin, c’était toujours beau temps. Une certaine forme de stabilité météorologique finalement.
Ici, c’est un lieu beaucoup moins dépaysant pour nous, nous avons même eu l’impression, en arrivant, d’être quasiment en France. Une fois intégrée la différence d’architecture, les ressemblances sont importantes : mêmes voitures (Peugeot 206 très présente, Citroën un peu moins). Les gens sont souvent d’origine européenne, il y a peu de descendants d’indiens, du moins dans le centre ville. L’ambiance en ville est très citadine, les gens sont plus sophistiqués, très citadins comme chez nous, quoi. Peu de chiens dans le rues mais beaucoup de gens en possèdent et dans le quartier, nous avons parfois des concerts d’aboiements. Un coq au loin chante de temps en temps comme pour me rappeler que je suis bien en vacances . J’écris dans le lit, sous les couvertures car il fait frisquet, donc ce serait vacances dans… le Cotentin.
Ah, autre détail qui nous projette 30 ans en arrière. Ici, beaucoup de voitures sont équipées d’alarmes et nous les entendons régulièrement (d’ailleurs, version américaine assez « musicale »).
Nous sommes déjà au deux tiers du voyage. Les jours étaient longs au début et bien remplis. Depuis, il nous semble que le temps s’accélère, qu’il nous échappe, que nous n’arrivons plus à suivre le rythme. J’en suis à me demander si nous faisons les bons choix, si c’est utile de voyager, à quoi cela sert-il ?
Epidermiquement, nous n’avons pas choisi le voyage organisé mais, pour voir un minimum de choses, nous sommes obligés de prendre des sorties touristiques préfabriquées. Peut-être aurait-il fallu louer une voiture ? Visiter un pays, c’est quoi ? voir des lieux ou rencontrer des gens ? Nous visitons des lieux, mais les personnes, en étant plus ou moins à l’hôtel, en ayant des relations touristico-commerciales dans les sorties, et rencontrant des touristes non chiliens…
L’idée du voyage est facile à concevoir, sa mise en œuvre est un savant mélange de relations éphémères et d’opportunités. N’avons-nous pas vécu des moments intenses, même s’ils étaient fugaces, dans un simple regard, un échange de sourire. Le petit vieux rencontré dans la montagne qui nous indique et nous explique le chemin spontanément (nous lui avions rien demandé), un autre en ville qui nous propose tout aussi spontanément son aide en anglais, notre chauffeur de taxi hier qui était tout heureux de rencontrer des français et qui nous a chantonné « Allez venez Milord » de Piaf (il était assez âgé mais comme il avait quitté le Chili sous Pinochet, il lui manque, comme à beaucoup d’autres, des années de cotisation pour la retraite et il est obligé de continuer à travailler. Au Chili, âge de la retraite homme 65 ans, femme 60 ans), notre chauffeur de minibus ici qui s’obstine et s’applique à nous parler un anglais approximatif (son grand père boulanger est grec et a émigré au Chili après la seconde guerre mondiale).
Et pourquoi voyager alors que nous sommes si petits ? Peut-être dans un sursaut convulsif pour avoir l’impression d’exister réellement…


Hier soir, nous sommes allés visiter un observatoire touristique Cerro Mamalluca. Le ciel Chilien est un des plus pur de la planète (enfin quand il n’y a pas d’irruptions volcaniques avec des nuages de fumées, mais les lieux sont choisis en conséquence, je suppose, et toi aussi, hein ?)

Beaucoup de télescopes géants sont installés au Chili. Et aussi, un immense interféromètre millimétrique ALMA en construction près de SPDA : d’immenses oreilles pour écouter l’infiniment lointain. A la présentation générale de l’observatoire, qui était en espagnol, impossible de comprendre quoi que ce soit, le gars parlait tellement vite (il m’a dit après que s’il parlait moins vite, les chiliens s’endormaient…) Heureusement qu’il y avait des images… bref, nous avons compris que notre galaxie, la voie lactée n’était qu’une petite poussière au milieu de multitudes de galaxies  et de systèmes astraux.

La terre est une molécule d’un grain de poussière au milieu du plus grand des déserts. Alors nous, sur cette minuscule molécule, nous sommes encore plus petits, petits mais obstinés à détruire cette planète, la seule « en vie », pour un confort immédiat et souvent superficiel. Les riches sont des gens manipulateurs et dangereux.
Dans ces mondes de l’infiniment grand, l’infiniment petit, ne serions- nous pas infiniment inconscients de la chance de respirer sur cette planète bleue…
Ok, j’arrête, c’était l’épisode philosophico-existentialismo-interrogatif du voyage.
Hier, outre la sortie le soir à l’observatoire et alors que je pensais que c’était journée repos, mon ami m’a obligé à marcher 36 heures au moins dans la journée.
Nous avons entrepris d’aller nous promener en bord de mer sur la plage de la Serena. Mais nous sommes en ville à 2 km de la mer. Ensuite le raccourci que j’ai pris était bien un raccourci mais nous avons longé la panaméricaine pendant 2 longs km : dépaysement non garanti, une voie rapide, rien de plus banal et de plus identique sur cette planète. Enfin et après avoir rencontré plusieurs carabineros (policiers présents en nombre en ville pour cause de venue de Piñera, président du Chili), visité une jardinerie dans laquelle les fleurs en vente sont exactement les mêmes que les nôtres… (au printemps bien sûr !), nous sommes arrivés sur la plage, une plage immense, l’avenue de la mer. Nous l’avons longé sur des kilomètres, au début pour se balader, ensuite pour trouver à manger mais c’est la basse saison touristique ici (déjeuner dans un restaurant spécialisé en viande, le bœuf Argentin est effectivement excellent)

et après pour digérer… bref, nous sommes arrivés à Coquimbo, port jouxtant la Serena.

A cet endroit une énorme croix est dressée et elle est visible à des kilomètres.

Nous avons voulu vérifier si des dérangements spatiaux  ou mentaux nous faisaient voir le rocher de Rio car de loin cela y ressemble… de l’autre coté de la Cordillère. Bon, ce n’est pas Rio de Janeiro ici. Cette vérification faite, il s’agit d’une croix, le chilien est très pratiquant et il y a aussi beaucoup d’églises en ville.  Rouen est battue à plate couture je crois… Donc, nous étions épuisés et nous avons pris un taxi pour rentrer (celui qui chante Piaf, qui cite Aznavour, Delon, Belmondo…) A la fin du parcours, nous étions dans un embouteillage et il a arrêté le compteur car il ne voulait pas que nous descendions trop vite, pour rester à discuter un peu plus avec nous.

C’est bizarre ici, il suffit que je dise gracias pour que les gens sachent aussitôt que nous sommes français. C’est bizarre ça, quand même.
Hier, le gars du resto m’a demandé si nous étions français, j’ai répondu oui et je lui ai demandé s’il était chilien… ici, les gens ont de l’humour.
Je te laisse pour retourner dans ma bulle de compression temporelle. Le temps en voyage est à l’image des étoiles : elles se compressent et se compriment dans une accélération et d’un coup explosent pour créer une nébuleuse, une nouvelle galaxie. Mon temps se comprime, il passe de plus en plus vite et va peut-être exploser à mon retour pour redevenir une multitude de moments qui ne passent pas… au boulot. Bon courage à ceux qui y sont et
Bisous, bisous, bisous,

 

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