Expéditions au nord de San Pedro de Atacama, le printemps 8

Expéditions au nord de SPDA, le printemps 8

 

Coucou,

Bon, nous continuons donc le voyage… pour le plaisir ! et les messages, pour le plaisir de lire et d’écrire ! OK ?  Le télégramme, c’était une blague.

Hier, nous sommes repartis en vélo à l’assaut du désert. Cette fois-ci, non pas dans une vallée rassurante avec ses deux rives qui délimitent l’horizon, mais dans la « plaine », vers l’immensité du salar, à découvert. Notre but était un petit site archéologique Atacamémien datant de 800 ans avant JC, l’aldea de Tulor. Nous prenons en partie la grand route où les kilomètres défilent plus vite mais nous retrouvons invariablement une piste après, dans un état moyen et ordinaire ici, à savoir plus ou moins sableuse, plus ou moins caillouteuse, et le plus éprouvant style tôle ondulée (ou style salaire de la peur si tu préfères, mais avec nos petits mollets, on ne pouvait pas atteindre la bonne vitesse !). Il faut donc en permanence viser pour ne pas être trop secoués et nous nous relayons parfois à ce petit jeu.

Faire du vélo dans le désert, dans l’immensité du désert, c’est magique. C’est pas facile à décrire. Enfin, si, à décrire, c’est facile : terrain dégagé, pas de végétation (ni d’ombre), 2 vélos, soleil et chaleur.

C’est ce que l’on ressent qui est plus subtil. Une impression de liberté, que tout est possible mais aussi que tout est fou. Une sensation de privilège, sentir la chance que nous avons de nous trouver ici, de l’instant, de pouvoir profiter de paysages grandioses que la nature a mis des siècles, des millénaires à nous peaufiner. Et toujours, cette immense valse des formes et des couleurs, à l’infini, sans cesse renouvelées. Ces paysages seraient des gâteaux, je serais obèse instantanément, à chaque seconde une fois de plus.

Ah oui, tu veux savoir ce que nous avons vu là bas : des maisons rondes en terre, enfouies dans les sables (ce qui les a préservé) dans un site abandonné par l’homme il y a longtemps lorsque le rio a changé son cours. Toujours, partout, (mais plus maintenant, pourquoi ?), les hommes – attention, je parle aussi des femmes…- bon je vais dire l’être humain (zut, c’est encore au masculin…) enfin, ON a construit avec les matériaux trouvés sur place. Ici, c’est adobe, paille, un peu de bois (nos vieilles chaumières normandes sont encore dans le coup !).

Ah oui, et les geysers…

Les plus hauts du monde, il faut comprendre, les plus élevés en altitude. Parce que la hauteur même des geysers ne dépasse pas… un mètre, enfin quand ils sont décidés à se donner en spectacle (c’est très souvent, on n’attend pas) , car sinon, c’est une flaque d’eau bouillonnante, plus ou moins masquée par la fumerole de la vapeur d’eau au contact de l’air froid. Les plus hautes fumeroles montent à prés de 20 mètres au lever du soleil. Après, quand l’air se réchauffe, les fumeroles ne font que quelques dizaines de centimètres (raison de notre départ nocturne).

En fait, rien de très spectaculaire, mais abstraction faite des hordes de touristes sur place, ici aussi, c’est l’ambiance du lieu qu’il faut capter. Une ambiance, toutes ces fumeroles qui sortent de terre, l’eau chaude courante (il y a même une petite piscine alimentée en permanence par une source chaude), l’impression d’être ailleurs, totalement dépaysant.

Au retour, nous nous sommes arrêtés dans une petite vallée où des cactus ont élu domicile, petite vallée agrémentée d’un cours d’eau que nous avons longé jusqu’à l’ancêtre des lieux, le grand père, le plus vieux cactus du coin.

Le désert réserve beaucoup de surprises, toujours différentes. Moi qui avais un peu peur en arrivant de trouver cette aridité repoussante, ou angoissante, enfin pas comme je l’imaginais, moi qui suis perdue sans mon brin d’herbe, la silhouette d’un arbre dans mon proche horizon, je suis séduite par cette région.

Quand même un petit mot à propos de ce voyage pour nous rendre aux geysers. Cette sortie était organisée par des Français « locaux ». Nous avons voyagé dans un vieux minibus sur lequel il manquait des vitesses : oui, oui, le conducteur chilien, très heureusement expérimenté, était obligé de s’arrêter totalement par moment pour repasser en première ! La boite craquait et j’ai cru que ce vieux tacot nous lâcherait (en plein désert quand même et en  très haute altitude…) avant notre arrivée. La route a été très longue et nous avons été doublé en permanence, facile… En plus, des ceintures de sécurité ne fonctionnaient pas. Une femme rencontrée aux geysers nous a dit avoir eu déjà ce bus, le groupe était obligé de dire au conducteur de s’arrêter à la descente, tellement les freins chauffaient. Chance, nous avons eu un bon conducteur, je suis sûre qu’il connaissait le salaire de la peur car à la descente, il roulait bon train sur la tôle ondulée.

C’est scandaleux de faire voyager des touristes, en plus des compatriotes, dans de telles conditions d’insécurité. Voilà, c’était mon coup de gueule du jour. Et c’est dommage car l’excursion proposée est plus intéressante que ce que l’on trouve en ville.

Bisous, besitos, bisous

 

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