San Juan Chaluma

San Juan Chaluma

Nous sommes allés dans une petite ville San Juan Chamula à proximité de San Cristobal où le peuple Chamula est fortement implanté.

Cette communauté a sa propre langue et pratique toujours des rites ancestraux, vaguement assaisonnés de christianisme. Tu te souviens du syncrétisme, ce mélange de cultures et de religions. Ici, nous avons un exemple frappant et assez envoûtant.

Les chamans utilisent l’église pour faire leurs rites. Cela commence par une procession dans la rue avec des habitants d’une communauté (un village). Cette procession est menée par le chaman du village qui récite des prières, des incantations, tandis qu’une personne s’occupe parfois de tirer des pétards pour attirer l’attention des dieux. Ensuite, cette délégation de la communauté entre dans l’église.

Description de l’intérieur de l’église dont l’accès est payant car cela rapporte quelques subsides aux Chamulas, en plus des cultures maraîchères qui sont leur moyen de subsistance. Entrée payante mais photos formellement interdites.

Donc, dans l’église, pas de bancs, tout l’espace est ouvert et sur les deux côtés, il y a des niches vitrées avec les saints et plusieurs vierges dont celle Notre-Dame de Guadalupe. Ces personnages sont richement vêtus. Devant chaque niche, beaucoup de bougies et de fleurs montrent la grande dévotion des gens aux saints. Mais attention, derrière chaque saint se trouve une divinité ancienne.

Sur les côtés partent de grandes bandes de tissus décorés attachés au sommet de la nef.

L’autel au fond de l’église disparaît totalement sous d’énormes et nombreux bouquets de fleurs fraîches. Je n’ai jamais vu autant de fleurs dans une église.

Au sol, des épines de pins séchées font un tapis à peine éclairci par endroit pour laisser place à des centaines de bougies allumées. L’église de Chamula a été reconstruite parce que l’ancienne a été détruite par le feu. Lorsqu’on voit ce mélange bougies/épines de pin… on comprend pourquoi. En fait, les épines de pin servent à s’isoler du sol carrelé et froid.

Au centre de la nef, un espace est protégé par des barrières amovibles et quelques ouvriers y travaillent à coller du carrelage.

Et partout, dans l’air, de l’encens.

Donc la procession d’une quinzaine de personnes, ou plus, ou moins, entre dans l’église.

Le chaman est habillé d’une tunique en grosse laine méchée beige avec une grosse ceinture en cuir naturel et des sandales de cuir avec des talons en bois. Il commence à disposer à même le sol des dizaines de petites bougies, posées deux par deux, et de couleurs différentes selon les vœux que l’on souhaite voir réalisés. Le chaman récite des incantations, certaines sont reprises en cœur par ses fidèles. Les bougies sont allumées par ordre et en plusieurs temps. Ensuite, le chaman arrose les bougies avec un peu d’eau puis avec beaucoup d’alcool, sûrement des offrandes. À la fin, les bougies ne sont plus que des petites flaques de cire fondues et alors, les membres de la communauté boivent un coup, alcool mais aussi sodas de fruit et Coca-Cola.

La cérémonie étant terminée, la délégation communautaire s’en retourne dans ses foyers.

Plusieurs chamans et groupes officient en même temps dans l’église et l’espace libéré ne semble pas rester vacant longtemps. Mais il y a sans doute des horaires pour ces « offices ».

Dans l’église, un homme a la tâche de racler le carrelage après les cérémonies afin d’élever toute la cire restante. Et il est occupé en permanence.

Et le curé catholique de la paroisse dans tout cela ?

Il vient une fois par an pour baptiser les nouveaux « fidèles ». Ces pratiques chamaniques sont implantées tellement fortement dans la région que l’église n’ose rien dire.

Ci-dessous, l’ancienne église dans le cimetière. Les morts sont très présents dans la vie des Mexicains. Toute la famille va pique-niquer dans les cimetières et faire la fête avec musique en compagnie de leurs morts. C’est le fameux Día de los muertos méxicain, la fête des morts correspondant à notre Toussaint en… beaucoup plus gai. Si tu veux entrer dans la magie de cette fête, je te conseille de regarder le film d’animation « Coco » de Disney Pixar, une petite merveille.

En temps réel, nous venons d’arriver à Palenque et il fait très chaud. Aussi, nous allons faire trempette dans la piscine et je poursuis les envois après. Il y a des priorités à respecter, tout de même…!!😀😀😀😀

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