La mita 1, el dorado 9

La mita 1, el dorado 9

Bonjour,

Sais-tu ce que veut dire  « mita » en espagnol ?
Ah oui, tu pourrais penser que je t’ai acheté une écharpe en laine d’alpaga et que malheureusement une petite bête l’a dévorée. Non, vous êtes un peu nombreux à lire ces messages et je ne peux pas acheter autant d’écharpes et il ne s’agit donc pas de la mite.
Bon alors, le Pérou, les incas, c’est un pays porteur de beaucoup de mythes. Bel essai, mais ce n’est pas cela non plus.
En fait, tu connais la mita, je t’en ai déjà parlé. On pourrait traduire ce mot par le fisc ou les impôts, mais en nature. Oh la, pas de méprise ! En nature veut dire ici en heures de travail fournies pour le bien et les nécessités de la communauté.  En fait, c’est une étape entre l’homme seul face à la nature hostile et les impôts que nous connaissons maintenant où, faute de temps (d’envie, de possibilité…) nous donnons de l’argent pour que d’autres face le travail commun.

Ce système existait avant les incas et va perdurer sous leur empire.
En fait, l’administration Inca va venir mettre une couche hiérarchique supplémentaire dans la société existante, à savoir que la mita va être due aux chefs des chefferies qui eux-mêmes la doivent aux chefs de regroupement de chefferie, qui eux-mêmes vont la devoir à l’empereur inca. Ainsi l’empereur Inca, fils du soleil, se devait en contre partie des heures de main d’œuvre reçues, de redistribuer et de répartir «denrées agricoles, vêtements, étoffes et autres produits du travail qu’il avait reçu» (H. Favre) L’empire inca a repris ce système de vieilles réciprocités pour s’imposer et administrer plus facilement ses nouveaux territoires.

construction de murs et de villes en matériaux solides…

Mais au fil du temps, les travaux seront plus diversifiés. Ils comporteront toujours les tâches agropastorales, mais aussi l’aménagement agraire, la construction et la guerre. Ainsi, c’est au moyen de ce système de corvées que les villes incas ont été construites.

 

 

Il en est de même pour la construction du très grand réseau de routes et de ponts : l’empire inca comportait 16.000 kilomètres de routes certains tronçons étaient pavés ou avaient des escaliers.  Ah oui, au fait, les incas ne connaissaient pas la roue et n’avaient donc pas de voiture. Remarque que dans un pays très montagneux et sans moteur 4/4, ce n’était pas vraiment utile.

Mais alors, pourquoi faire des routes ?  Ben pour marcher, pardi ! Eh oui, les mollets des incas devaient être super costauds car non seulement ils n’avaient pas de carrioles, mais ils ne montaient pas sur le dos des animaux pour se déplacer. Ce sont les espagnols qui ont importé les chevaux (je n’en suis pas totalement certaine car Gracilaso fait état de juments au temps des incas).

chemin escarpé

De toutes les façons les lamas, quand ils ne crachent pas, sont effectivement de bons porteurs sur les chemins escarpés. Oui, mais ils sont petits et ne portent pas plus de 30 kg.
Les routes étaient jalonnées de « tampu », sorte de relais de poste et de gites d’étape. Chaque relais disposait de personnes relais qui prenaient en charge le message et le transmettaient au tampu suivant et ainsi de suite: un message pouvait ainsi parcourir 2000 km en moins d’une semaine.  N’empêche que les messagers devaient avoir une sacré mémoire car les messages étaient bien sûr toujours oraux. Avec ce même système de relais, on mangeait du poisson frais à Cuzco en moins de 24 heures. Tu vois, c’est intéressant cette mita !

Foilà, Foilà ,Besitos

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