Expéditions au sud de San Pedro de Atacama, le printemps 5

Expéditions au sud de San Pedro de Atacama, le printemps 5

Bonjour,

Oh la la, nous sommes en cumul d’emplois et le boulot scientifique plus celui de touriste équivaut à un emploi du temps de ministre. En plus, c’est épuisant…

Mais nous privilégions bien sûr notre mission première. Hier matin, nous nous sommes attachés à trouver d’où venait l’eau. Ne reculant devant aucun sacrifice tant financier que physique, nous avons loué des vélos. Oui, en plein désert ! Après avoir fait un tour du village pour découvrir, en autre, que dans les nouveaux quartiers destinés aux autochtones, les rues étaient pavées en autobloquants (d’où l’avantage non négligeable de ne pas manger de la poussière à chaque passage de voiture) nous nous sommes dirigés à nouveau vers Quitor car la veille, nous avions longé des canalisations d’irrigation. Et nous avons remonté une vallée, dans une végétation éparse mais présente, au milieu de falaises conjuguant toutes les variétés des ocres rouges, changeant en permanence selon le lieu et l’heure : une vraie palette de peintre !

Nous longeons toujours le canal d’irrigation , sous un soleil de plomb mais la joyeuse musique de l’eau nous rafraichit un peu (enfin, il faut y croire…)

Finalement, nous rencontrons un grand réservoir d’eau, une retenue bâchée en dessous, à ciel ouvert dessus. Nous progressons. Reste à savoir avec quelle eau est rempli le réservoir. Nous poursuivons notre chevauchée cycliste mais le canal n’est plus au près du chemin. Oui, c’est un chemin caillouteux et sableux par moment, bonjour nos petits bras.

Soudain, nous sommes confrontés à un obstacle naturel : une rivière !  Pied à terre, observation d’une voiture locale qui passe au meilleur endroit et nous nous jetons à l’eau pour traverser. Bon, une bonne hauteur de mollet, pas plus mais nous avons du déchausser, quelle aventure…!

Ensuite, cette rivière sera toujours à nos cotés et après avoir passé un minuscule site archéologique, sans le voir, nous arrêtons notre montée au pied d’un arbre pour nous reposer. Le temps passe, même au boulot. Et zou, demi-tour, la rivière vient de la montagne, la cordillère des Andes. Voilà une question qui a sa réponse !

L’après-midi, pour nous récompenser de ce laborieux travail (quand même 4 heures de vélo dans un décor rocheux de rêve), nous nous offrons une excursion dans la vallée de la lune.

Ce qui paraissait plat de loin se révèle être hachuré de canyons d’outre-terre (enfin lunaire, quoi), de dunes et de sel partout. Passage dans une grotte pour s’amuser (nous en avons même oublier d’enlever nos lunettes de soleil.. si, si) et coucher de soleil sur le Licacambur, notre pote volcan du coin.

Journée épuisante d’autant plus qu’aujourd’hui, départ à 7 heures pour notre premier… 4000 mètres !

Nous sommes d’abord passés par le salar d’Atacama. Ce désert de sel, le 5ème plus grand du monde avec une longueur de 100 Km, superficie 320 ha.

Là aussi, surprise, la surface n’est pas lisse mais caillouteuse de blocs de sel grisâtres.

Ce sel qui peut faire plus de 1000 mètres d’épaisseur a été lavé des montagnes du temps où il pleuvait par ici. Depuis et comme San Pedro est dans une cuvette entre deux chaines de montagnes, le sel s’est cristallisé. A la lagune de Chaxa, sur le salar, on voit des flamands roses qui piqueniquent ici des algues microscopiques et des crevettes de 2/3 mm de long. On se demande comment elles peuvent vivre dans une eau si salée.

Ensuite, direction les hauteurs pour aller voir les lacs d’altitude Miscanti et Miñiques, à 4300 m.

Encore une surprise, plus nous montons en altitude, plus la montagne est verte. Oui, ici aussi, une végétation très présente même si les touffes d’herbes et d’arbustes sont éparses. Il y a même des fleurs bleues, rouges, et jaunes (OK, il faut avoir l’œil et bien regarder… mais elles sont là).

Les lacs, deux perles d’un bleu qui va du turquoise au bleu profond posées sur la montagne, l’air cristallin ( ici aussi, nous respirons, il y a donc de l’oxygène, mais un peu moins, il faut marcher lentement, bizarre). Notre guide nous confirme que l’eau vient de la montagne, que la rivière est captée  et distribuée par les canaux aux différents quartiers de la ville, à un rythme dépendant de leur superficie. Une gestion très stricte de la ressource et une optimisation maximale.

Bon, demain, nous allons peut-être poursuivre nos envolées vers les cimes pour aller sur de site de Tara, un autre salar d’altitude, également réserve de flamands mais là, nous serions à plus de 4000 m plusieurs heures (aujourd’hui, une heure)

Survivrons-nous ?… à suivre

Bisous, bisous, bisous de qui tu sais

PS : zut, je crois que j’ai le nez qui pèle, ultime honte pour quelqu’un qui déteste le soleil vacance rôtissoire…

 

 

lire la suite : l’eau à San Pedro, sos (fotos)