L’écriture des Mayas
Comme promis, nous avions vérifié avant de choisir notre destination que les ancêtres du pays visité aient une écriture : c’est tout de même plus facile pour comprendre et retracer leur Histoire.
Donc les Mayas utilisaient un système d’écriture performant (avant eux, les Olmèques écrivaient déjà dans une forme plus simple).
Il y a différentes écritures possibles et si nous remontons dans le temps, nous trouvons l’écrit cunéiforme, les hiéroglyphes, les pictogrammes. Aujourd’hui, notre écriture est alphabétique : un signe représente un phonème et il faut plusieurs signes (lettres) pour faire une syllabe ou un mot. Ainsi, une trentaine de caractères différents permettent d’écrire une langue. Par contre, les Égyptiens possédaient plus de 4 500 signes différents et les Chinois utilisent toujours couramment 5 000 caractères pour écrire. Dans ces cas, un signe représente un objet ou une idée et il faut autant de signes que de choses que l’on veut décrire ou presque.

L’écriture maya constitue un peu une exception, car il a été répertorié environ 800 glyphes (petits dessins) différents. Cela fait trop de signes pour une écriture alphabétique et pas assez pour une écriture en logogrammes. Aïe ! Et pas de pierre de Rosette pour nous aider cette fois-ci…
En fait, après des années de recherches, de recoupements, de confrontations avec les quelques mots anciens mayas encore utilisés, il a été possible de déchiffrer 80 % des glyphes mayas. Car cette écriture mélange joyeusement des phonogrammes (qui représente une syllabe ou une lettre) et des signes qui représentent un mot entier (une idée, un objet ou une personne). Et comble du raffinement, un phonème peut s’écrire de plusieurs manières, pour faire plus joli. Les Mayas écrivaient sur des livres réalisés en peau de cerf. Les peaux tannées étaient cousues entre elles pour former un long ruban qui était replié ensuite en accordéon. Ces livres appelés codex pouvaient mesurer plus de 10 mètres. Ce sont les nobles érudits, les astronomes et les prêtres qui avaient la maitrise de l’écriture.
Chic, il suffit de lire et nous allons tout savoir sur les Mayas !


Eh bien, pas tout à fait. Il y a eu un léger contre-temps historique. Comment te dire cela… hum… c’est embarrassant. Tu te souviens de la conquête espagnole au 16ᵉ siècle. Le Pape avait donné les territoires découverts aux Portugais et aux Espagnols à charge pour eux d’évangéliser les peuples autochtones. Mais la tâche n’était pas si simple : comment faire comprendre aux indigènes qu’un homme cloué sur une croix, cela n’a rien à voir avec leurs propres sacrifices humains. Et le sacrement de la communion… ben non, ce n’est pas du cannibalisme ! Voyant que ces peuples continuaient à idolâtrer leurs propres dieux, l’évêque espagnol Diego de Landa, en 1560, a ordonné de brûler tous les codex mayas pour éradiquer les croyances païennes. Avec du recul, on se demande pourquoi il n’a pas simplement confisqué ces documents aux indigènes. Il n’a sans doute pas pensé qu’un jour des historiens s’intéresseraient aux civilisations précolombiennes.
Il reste cependant trois codex :
- Le codex de Dresde qui porte sur l’astrologie et la divination (78 pages).
- Le codex Tro-Cortesianus, qui se trouve à Madrid, comporte des horoscopes et des almanachs (112 pages) extrait première photo
- Le codex Peresianus (à Paris) fait état de rituels et de prophéties (22 pages en piteux état).

C’est bizarre que ces trois rescapés ne soient pas au Mexique puisqu’ils font partie du patrimoine historique de ce pays…
Nous avons aussi un autre document très important qui donne de multiples informations sur la culture maya, c’est le Popol Vuh, un livre sacré écrit en alphabet latin par des Mayas Quiches après l’invasion espagnole. Ils voulaient sans doute laisser une trace de leur civilisation malgré l’autodafé de leurs nombreux codex.
Le Popol Vuh raconte le début du monde selon les mayas. Au début, il n’y avait rien ni personne sur terre. Les dieux décident donc de peupler cette planète, d’abord en créant la terre et l’eau puis en ajoutant les animaux. Mais les animaux n’ayant pas la parole, ils ne peuvent pas louer les bienfaits de leurs dieux. Aussi ces derniers décident de créer l’homme. Ils essaient de le faire d’abord en terre mais la statuette ainsi faite ne peut pas bouger. Ils feront ensuite des hommes en bois articulé mais ces marionnettes n’ont ni âme ni conscience. Alors finalement l’homme sera fait en farine de maïs ce qui donna satisfaction aux dieux.


Et puis, heureusement que les Mayas adoraient écrire. Tout support était bon pour griffonner quelques mots comme les murs (Palenque), les stèles, les plats et les vases… ce qui nous laisse encore beaucoup de matière d’étude. On peut voir encore sur certains glyphes sur pierre les couleurs d’origine (ci-dessus à gauche).

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