Chichén Itzá, haut lieu des Mayas

Chichén Itzá, haut lieu des Mayas

Les montagnes du Chiapas et surtout la presqu’ile du Yucatán étaient les régions de très forte implantation Maya et les communautés dans lesquelles nous avons fait des haltes sont des descendants de Mayas.

Si les Mayas n’ont jamais réussi à créer un empire du fait de leurs éternelles rivalités entre cités, ils constituaient un ensemble homogène, partageant la même culture. Et notamment la religion et le savoir du temps. Car pour se chamailler entre cités, il fallait attendre que les astres soient favorables : on ne guerroyait pas tout le temps ! Ces guerres avaient l’avantage de pouvoir faire des prisonniers qui, bien souvent, servaient de victimes de choix pour les sacrifices humains. Mais attention, les rois et reines s’automutilaient pour offrir leur sang aux dieux, le sang noble ayant beaucoup de valeur. Bon c’est pas gai tout ça, alors je passe sur les détails.

Si tu veux te représenter le monde mystique des Mayas, il faut imaginer un arbre : dans les branches on trouve les dieux, au niveau du sol les humains et sous terre, l’infra-monde, le monde des morts.

Les dieux avaient des personnalités complexes et pouvaient être bons ou méchants selon les circonstances. Je t’en cite quelques-uns :

  • Itzamna était le dieu suprême qui créa l’univers et qui a transmis aux hommes la connaissance de l’agriculture, de l’écriture, des calendriers. Il est représenté par un serpent crocodile qui peut prendre aussi l’aspect d’un vieil homme.
  •  Chac, le dieu de la pluie avec un grand nez crochu, peut-être pour y accrocher les nuages…
  • Kinich Ahau le dieu du soleil, le dieu qui louche. Du coup, il était de bon ton de loucher et on obligeait les enfants très jeunes à cet exercice en leur suspendant un objet entre les yeux pour les faire loucher.
  • Ek Chuah le dieu du commerce, également dieu du cacao. Cela s’explique sans doute du fait que la valeur des choses étaient exprimées en nombre de fèves de cacao.
  •  Yum kax, le dieu du maïs.

et bien d’autres sans oublier les têtes de liste incontournables que constituent le soleil, la lune, la terre et l’eau.

Comment illustrer ces dieux… Eh bien, le mieux est de se rendre dans le plus important site maya, à Chichén Itzá où la grandeur de la pyramide démontre l’importance des cultes rendus à ces dieux.

Le nom Chichén (le ch espagnol se prononce tche, tchitchén) vient du maya : chi qui signifie bouche et chén qui veut dire puits. Pour qu’une ville s’installe dans un lieu, la présence de l’eau est obligatoire. Et le terrain calcaire du Yucatán ne retient aucune goutte en surface, l’eau s’infiltre et creuse des rivières souterraines. Le calcaire étant friable, les voutes des rivières s’effondrent parfois donnant la naissance à un cénote, sorte de puits naturel.

On dénombre cinq puits sur le site.

Il s’agit d’un site religieux où étaient pratiquées des cérémonies. Mais il s’agissait également d’un centre urbain important et sophistiqué avec de nombreux édifices.

Le bâtiment principal du lieu est la pyramide de Kukulcán, aussi appelée el Castillo (le château). Cet édifice est dédié à Quetzalcoalt, le serpent à plumes. Cette pyramide comporte quatre cotés avec un escalier. Chacun est composé de 91 marches plus le dernier degré ce qui fait un total de 365, le nombre de jours dans l’année.

La particularité de cette pyramide est que, à chaque équinoxe de printemps et d’autonome, le soleil dessine sur une arête un serpent qui descend du monument. Cette caractéristique, ainsi que le nombre de marches, montre la maitrise architecturale des bâtisseurs du lieu, car évidemment, ce ne sont pas des hasards ! Connaissance des astres et du temps.

Le terrain de jeu de pelote à Chichén Itza est le plus grand connu : 168 mètres de long et 70 de large (par comparaison, un terrain de football mesure 105 mètres sur 68).

La balle de caoutchouc (les Mayas maitrisaient la vulcanisation) pesait 5,4 kg et devait passer dans l’anneau de pierre. On peut voir sur la photo, grâce aux personnages, que cet anneau était très haut placé. Pas facile de gagner sans doute…

Ce jeu de pelote, juego de pelota, était un sport très exigeant physiquement puisque les joueurs des deux équipes ne pouvaient toucher la balle qu’avec la hanche, le coude, les fesses, ou le genou. Les mains et les pieds étaient interdits. Les archéologues ont dénombré 13 terrains de jeu sur le site, sans doute pour pouvoir s’entrainer.

Mais le jeu de pelote avait surtout un rôle cérémoniel. La balle en caoutchouc représente le soleil et sa trajectoire, et le sol les ténèbres, l’inframonde maya, donc le royaume des morts. Le terme jeu est peut-être un peu trop optimiste, car les perdants, du moins le chef de l’équipe perdante, était aussitôt mis à mort…

Ce bâtiment de forme ronde est l’observatoire, les Mayas étaient de fins astronomes.

Cet ensemble très important de bâtiments aurait été délaissé à partir du 11e siècle. Nous ignorons pourquoi. C’est un peu désagréable, ces civilisations qui s’éteignent sans raison, ces villes qui sont désertées : et nous ne savons toujours pas pourquoi… Comme pour les Incas au Macchu Picchu, personne n’a pensé à laisser un mot sur la porte au moment de partir pour nous expliquer !!! C’est pénible.

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