Arequipa la colorée, (fotos)

Arequipa est une ville visuellement surprenante. Pour s’en rendre compte, nous allons pousser la porte d’une maison coloniale sans nous laisser impressionner par les grilles en fer forgé aux fenêtres (ils avaient peur de quoi, ceux qui vivaient ici au temps de la mita transformée en esclavage ?)

Il s’agit de la casa de Moral, une maison appartenant à un organisme financier et transformée en musée avec le mobilier d’origine. Beaucoup de maisons coloniales, qui sont  regroupées autour de la place d’Armes, appartiennent à des banques ou des maisons financières. Et c’est sans doute pas plus mal car ces entités ont les moyens d’entretenir ces maisons. Et lorsque je dis entretenir, il faut compter  parfois avec de très lourds travaux de restauration et de reconstruction après les tremblements de terre. Moyennant quoi, ce patrimoine national est très bien préservé ici à Arequipa.

Je te laisse découvrir la maison et apprécier les couleurs…

Ah oui, toi aussi tu as remarqué, le bleu, on dirait du bleu  Majorelle. Pourtant nous ne sommes pas à Marrakech ni à Essaouira au Maroc. C’est troublant, non ? Et il y a d’autres ressemblances déconcertantes, ces patios, ces vastes pièces décorées et leur agencement. Alors, quelle relation pourrait-il y avoir entre le Pérou et l’Afrique du nord ?

Peut-être une piste historique.
Les espagnols ont colonisé l’Amérique latine au 16ème siècle. Oui mais l’Espagne, elle, venait d’être  colonisée  pendant plusieurs siècles par les musulmans (de 711 à 1492). Aussi, cela laisse des traces et de très belles. Car, au 8ème siècle, l’Espagne s’était assoupie dans un repli général, les gens vivant chichement en autarcie, chacun dans son coin. Dans le même temps, l’empire islamique prenait de l’ampleur sur tout le pourtour de la méditerranée et au delà à l’est.

La culture musulmane a apporté beaucoup à l’Espagne.
Sur le plan économique, les musulmans vont créer des villes ce qui va générer une multiplication de nouveaux métiers comme l’industrie du tapis, les fabriques de verre et de céramiques, l’artisanat du cuir. En agriculture, de nouvelles cultures sont importées sur le sol espagnol (riz, orange, coton, canne à sucre, abricot, safran, aubergine, jasmin…) et des travaux d’irrigation permettent d’augmenter les surfaces cultivables et de moderniser le secteur. Il s’en suivra des échanges commerciaux  importants.

Sur le plan intellectuel, on développe les arts, les lettres (poésie) et les sciences en faisant progresser significativement l’algèbre, l’astronomie, les sciences naturelles, la médecine ainsi que la philosophie. La philosophie : sans cette civilisation musulmane très érudite et développée, nous n’aurions pas eu connaissance des textes de  Platon ! En effet, les écrits des philosophes grecs n’existaient plus dans le nord de l’Europe car perdus ou détruits. Nous avons pu les retrouver grâce aux écrits arabes qui seuls en avaient gardé la trace en les traduisant dans leur langue. Et la bibliothèque de Cordoue rassemblait plus de 400.000 ouvrages à une époque où, en France, les moines peinaient à recopier quelques livres par an, perdant leur temps à gribouiller des dessins dans les coins des pages (enluminures) au lieu d’écrire…

Et sur plusieurs siècles, les musulmans, les juifs et les chrétiens ont travaillé ensemble à développer cette société hispano-musulmane  brillante. C’est dire que l’empreinte musulmane est très forte en Espagne. Et comme on voyage avec sa culture, il n’est pas étonnant de retrouver des similitudes au Pérou.

Alors, ce bleu, vient-il d’Afrique du nord via l’Espagne ?? Je l’ignore, la question est ouverte à tes recherches et suggestions.

Oh zut, j’écris beaucoup mais c’est promis, le prochain mail, j’essaie de me limiter !
Foilà, foilà,

Besitos ensoleillés

 

ps : cette dernière photo, c’est l’entrée de notre hôtel, le plus sympa que nous ayons eu au Pérou.

 

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